Suicide de Lucas, 13 ans  : comment prévenir le cyberharcèlement au collège et au lycée

Depuis septembre, deux policiers du commissariat de Belfort ont mené, auprès de plus de 1 000 élèves de la circonscription, des actions de prévention. L’occasion d’avertir des sanctions pénales encourues par les auteurs et leur public, considéré comme complices. Exemple au collège Vauban.

Pascal CHEVILLOT – 18 janv. 2023 – Est Républicain

Le brigadier-chef a mené une intervention auprès des élèves de la 5 e 1.  Photo ER /Pascal CHEVILLOT

« Les élèves sont touchés par le drame de Golbey. Ils évoquent spontanément la mort de Lucas, 13 ans, victime de harcèlement, qui s’est suicidé. » Durant trois jours, la brigadière-chef Nadège, du commissariat de police de Belfort, a animé des interventions pédagogiques sur le cyberharcèlement pour 7 classes de 5e du collège Vauban de Belfort. Sur le principe d’un questions-réponses avec environ 160 élèves, elle a défini ce type de violences réitérées.

« La victime se retrouve dans une situation où elle n’est plus tranquille, même chez elle »

« Harcèlement vient du verbe harceler, lui-même provenant de herse. Herse est un engin agricole destiné à travailler la terre. À la maltraiter et à la tourmenter. Pour faire simple, le cyberharcèlement est une agression qui consiste à dénigrer ou se moquer d’une personne par messages, vocaux, photos ou vidéos, par les réseaux sociaux ou Internet, durant des semaines ou des mois. La victime se retrouve dans une situation où elle n’est plus tranquille, même chez elle.  »

Multiples conséquences sur les victimes

L’idée est de faire comprendre aux élèves qu’un harcèlement en milieu scolaire peut entraîner dépression, troubles alimentaires, isolements, perte de confiance en soi, chute des notes, déscolarisation, perte d’appétit, peur des représailles et, dans les cas extrêmes, suicides. « Mon conseil aux victimes est de demander de l’aide à un ami ou un adulte (professeurs, conseillers pédagogiques d’éducation, infirmière ou psychologue scolaire et la police », indique la brigadière-chef. L’auteur d’un harcèlement s’expose, en fonction de leur gravité, à des peines allant de 1 à 5 ans d’emprisonnement et 15 000 à 150 000 €. « Le harceleur ne peut réussir que s’il a un public pour liker ou partager ses publications », indique la policière. « Or, ce public s’expose aux mêmes sanctions que le harceleur, pour complicité. Celui-ci qui est témoin et agi pour empêcher l’infraction ne risque pas de poursuite. »

Quatre plaintes en 2022

Ces interventions au collège Vauban s’inscrivent dans la politique de prévention du cyberharcèlement que reconduit chaque année la direction départementale de la sécurité publique de Belfort. Depuis le début de l’année scolaire, le major Franck, de la réserve opérationnelle de la police et la brigadière-chef Nadège ont déjà rencontré plus de 1 000 élèves de collèges et de lycées de la circonscription. De même, la police a enregistré, l’an passé quatre plaintes pour harcèlement. « Et nous effectuons aussi des interventions en direction des sixièmes sur les bonnes pratiques d’internet », conclut Nadège. « Il s’agit de prévenir sur les risques de la géolocalisation, la publication de photos, les fake news ou encore le phishing  ».