Oral : au collège Vauban, un atelier pour redonner confiance aux élèves

Avec les dernières réformes du brevet et du bac, l’oral a fait son retour au collège et au lycée. Pas de quoi rassurer des élèves pas toujours à l’aise pour prendre la parole en public. Au collège Vauban, un atelier a été mis en place pour accompagner les élèves les plus en difficulté.

Aurélien BRETON – 24 janvier 2023 –

Les établissements ont mis en place des entraînements pour les oraux du bac ou du brevet. Mais cela ne suffit pas toujours. Le collège Vauban a décidé d’aller plus loin avec un atelier hebdomadaire pour les élèves les plus en difficulté.  Photo d’illustration ER /Lionel VADAM

« En France, l’école a eu tendance à valoriser l’écrit par rapport à l’oral. Peut-être par tradition cartésienne. Cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’en 1902, la classe de première s’appelait classe de rhétorique et on y étudiait notamment les grands discours, notamment de l’Antiquité. » Mais depuis quelques années, ce constat, dressé par Véronique Dorschner, professeure d’arts plastiques au collège Vauban de Belfort , tend à s’inverser.

« Aujourd’hui, maîtriser l’oral est très important dans la vie de tous les jours »

Les réformes du brevet et du baccalauréat sont passées par là. Et ont réinstauré une épreuve orale lors du passage de l’examen. « C’est plutôt une bonne chose », juge l’enseignante. « Aujourd’hui, maîtriser l’oral est très important dans la vie de tous les jours pour défendre ses idées ou un projet, réussir un entretien d’embauche… »

« Redonner confiance »

Pour les élèves, la perspective de devoir passer devant un jury peut souvent virer au cauchemar. « Certains peuvent complètement perdre confiance en eux », souligne Mme  Dorschner. Avec Fatima El Hamine, professeure de Vente, distribution, logistique en Segpa, elle a monté un projet intitulé « Pratiques discursives et communication de soi », dont les premières séances ont eu lieu début janvier. Une idée qui est née suite à l’expérience de mini-entreprise que les deux enseignantes encadrées. « On s’est rendu compte que, dans une situation moins formelle de challenge collaboratif, les élèves pouvaient être plus performants pour structurer leurs idées. »

19 élèves sélectionnés

Après les conseils du premier trimestre, 14 élèves de 3e générale et 5 élèves de Segpa ont été invités à rejoindre ce projet. « Pour la plupart, ce sont des élèves en difficulté à l’oral, qui ont souvent une image négative et détériorée de ce qu’ils sont et de leurs capacités. Notre but est d’arriver à leur redonner confiance par la prise de parole », explique l’enseignante.

Une fois par semaine

Les séances se déroulent une fois par semaine, le vendredi matin de 9 h à 11 h. « Toute la communauté éducative du collège s’est mobilisée : leurs professeurs ont accepté qu’ils ratent des cours pour venir à l’atelier car c’est plus profitable pour eux. »

Suivi scientifique

Basé sur la psychologie positive et les jeux, le projet fait aussi l’objet d’un suivi scientifique par des enseignants-chercheurs de l’ESPE (Ecole supérieure du professorat et de l’école). Si l’atelier vise à leur donner des clés de réussite pour l’oral du brevet, un objectif connexe est de donner des armes pour affronter le milieu professionnel, notamment via l’organisation de faux entretiens d’embauche.

« Meilleure implication des élèves »

En trois semaines, les premiers effets positifs du dispositif commencent déjà à se voir. « En cours, mes collègues et moi avons remarqué une meilleure implication de ces élèves », note Véronique Dorschner. Sur le plan relationnel aussi, il y a des progrès avec des élèves moins sur la défensive et un climat plus apaisé.

Concours d’éloquence au collège Vauban : « Apprendre à restituer un texte à l’oral »

En parallèle de l’atelier pour les élèves en difficulté, le collège Vauban organise aussi un grand concours d’éloquence pour tous les élèves volontaires de 4e et 3e.

Après une période d’entraînement du 22 février au 3 mars, le premier tour verra les élèves inscrits dire leurs textes devant un jury de professionnels des métiers de la communication. Écrits par des lauréats du prix Goncourt pour les élèves de 4e  et du prix Nobel de littérature pour les 3e. Du 3 au 5 mai ensuite, pour la finale, place aux grandes plaidoiries (4e ) et aux grands discours (3e ), comme ceux prononcés par Robert Badinter contre la peine de mort ou Simone Veil pour le droit à l’avortement.

« L’idée, c’est d’apprendre aux élèves à s’approprier un texte et à le restituer à l’oral », explique Véronique Dorschner, professeure d’arts plastiques, qui supervise ce concours avec Fatima El Hamine, enseignante de Vente, distribution et logistique en Segpa.