Du 13 au 17 mai, l’ensemble des élèves de Segpa du collège Vauban embarquaient pour plusieurs jours de voyage scolaire. Une autre manière d’apprendre, mais surtout l’occasion de faire passer un message : les élèves de la filière spécialisée ne correspondent pas à la mauvaise image négative qui leur colle à la peau. – Cécile Ninot – Est Républicain – 15 juin 2024
« Les Segpa ne participent pas beaucoup aux voyages scolaires, remarque Emmanuelle Wojciechowski. J’avais envie qu’ils sortent. C’est tellement important ! » Du 13 au 17 mai dernier, 45 élèves de la « section d’enseignement général et professionnel adapté » du collège Vauban sont donc embarqués pour un petit périple de fin d’année. Thème : voyager avec le temps. De Vichy au Puy-du-Fou, en passant par le Futuroscope et La Rochelle… « On a visité des endroits en rapport avec ce qu’on a vu en cours. On a essayé de rendre l’histoire-géographie vivante. »
« Apprendre en s’amusant »
C’est la première fois que l’ensemble des collégiens de la filière adaptée aux difficultés scolaires importantes profitent d’un déplacement du type, d’ordinaire davantage réservé à la scolarité « classique ». « On a appris tout en s’amusant, remarque Léa, en 3e. On a pu voir autre chose que le collège et découvrir nos profs autrement. » Au-delà de l’apprentissage et du lien social, Emmanuelle Wojciechowski tient à souligner un autre aspect de cette semaine passée loin du décor habituel. « Je veux montrer une autre image des Segpa. Ils ont une image plutôt négative. Ils ont été impeccables. Quand on apprend à les connaître, on voit qu’ils ont une fibre humaine et une vraie ouverture d’esprit. » Dans le viseur de la professeure de français et d’histoire géo, le film Les SEGPA. Sorti en 2022, le long-métrage met en scène des élèves particulièrement turbulents.
Un avenir malgré les difficultés
« Ça ne nous représente pas, confirme Léa, future élève de CAP coiffure. On n’est pas des animaux. Il y a des métiers qu’on ne peut pas faire, mais ça ne nous empêche pas d’avoir un avenir. » « Quand j’étais en CM2, les autres ont cru que j’allais aller dans une classe d’handicapés », renchérit Nino, en 5e et futur pompier. « À cause de cette image, certains parents ne veulent pas y mettre leurs enfants, regrette la professeure. Mais on travaille beaucoup sur l’orientation ! »