De la philosophie dès le collège

L’histoire-géographie et la philosophie se croisent, s’entrecroisent. À tel point, pour Laurent Desplancques, prof d’histoire-géo au collège Vauban à Belfort, que la philosophie est presque devenue une matière majeure dans son établissement. À la rentrée 2014-2015, il a lancé un atelier philo hors classe à destination de 4e et 3evolontaires, et l’engouement a été tel qu’en janvier 2015, juste après la première vague d’attentats, l’équipe a été parrainée par Michel Onfray, qui lui a rendu visite.

Chaque mois, les élèves de Laurent Desplancques, anciens et nouveaux, se retrouvent lors d’un café-philo à Belfort. Photo ER
Chaque mois, les élèves de Laurent Desplancques, anciens et nouveaux, se retrouvent lors d’un café-philo à Belfort. Photo ER

 

Depuis, Laurent Desplancques s’est distancié des propos du philosophe, dont la parole a été récupérée par d’autres sensibilités moins avouables, et le prof d’histoire-géo passionné de philo tient bon : à la rentrée 2015, il a reconduit son atelier, à raison de deux heures de réflexion hebdomadaire pour les 3e , une heure pour les 4e. Ceux qui ont quitté le collège en juin 2015, après avoir fait l’expérience de la philosophie sur la place publique, à la rencontre des Belfortains, ont exprimé le souhait de poursuivre ces chemins de philosophie.

Une fois par mois, autour de leur ancien prof, ils se retrouvent donc pour un café-philo ouvert à tous, dans un bar de la ville, rejoints par leurs camarades collégiens et quelques adultes, dont d’autres profs curieux de ces échanges.

À l’instar de philosophes grecs qui dissertaient sur l’agora, chacun apporte son point de vue sur un sujet, interroge, réfléchit à voix haute, aborde des sujets d’actualité et des notions qui ne seraient vues, sinon, qu’en terminale.

Le dernier café en date, en mars, portait sur l’athéisme. Où l’on est passé d’André Comte-Sponville prônant une « spiritualité sans dieu », à Nietzsche, partisan de « Dieu est mort ». Les termes sont à chaque fois précisés : athée, agnostique, sceptique, impie, mécréant, et les jeunes, quelle que soit leur confession d’origine, se livrent sans jugement.

La philosophie au collège n’est certes pas une matière mais Laurent Desplancques, qui l’a aussi éprouvée à l’école élémentaire où il propose des ateliers dans le cadre de l’Université populaire, est persuadé qu’elle peut largement anticiper la fin du cursus secondaire. Et prouver que les adolescents cultivent une pertinence qu’on n’espère pas leur voir perdre une fois devenus adultes !

Karine FRELIN – Est Républicain