La ville de Belfort célèbre le 80e anniversaire de sa libération

Enfin libre ! Il y a 80 ans, les soldats alliés, notamment issus du groupe des commandos d’Afrique, arrivent dans la cité du Lion et repoussent les troupes allemandes. Une cérémonie en leur hommage s’est déroulée ce samedi autour de la place de la République.

Le 20 novembre 1944, les premiers soldats de l’armée de libération entrent dans Belfort. Plusieurs jours de combats se succèdent avant que le drapeau français ne soit hissé en haut de la citadelle. Belfort et les Belfortains étaient (enfin) libérés. 80 ans plus tard, élus, anciens combattants, représentants des autorités civiles et militaires ont tenu à rendre hommage aux différents acteurs de cet épisode historique. « L’oubli n’est pas une option, a rappelé le maire de Belfort Damien Meslot. D’année en année, les témoins de l’Histoire disparaissent peu à peu et seuls les plus anciens se souviennent de cette guerre. La transmission de la mémoire est la seule garantie de notre paix. »

Une longue libération

« Le 26 novembre 1944, malgré un temps pluvieux et froid, les Belfortains se retrouvèrent sur la place de la République pour assister à l’envoi des couleurs. » C’est sur cette même place, chargée d’histoire et de symboles, que les Belfortains ont commémoré les huit décennies écoulées. Par un temps tout aussi froid, mais avec de la neige pour remplacer la pluie. De la matinée du 20 novembre 1944, où la 1re  armée française entre rue de Cravanche (devenue rue de la 1re  armée), jusqu’à l’assaut du fort de la Miotte avec le lieutenant Martin , la libération est fastidieuse. À plusieurs endroits de la ville, plaques et monuments rappellent cette histoire.

Marianne décapitée

C’est notamment le cas de l’hôtel de ville. Dans le hall d’entrée, une plaque mentionne l’attribution de la Croix de guerre à la ville de Belfort. « Cité dont le patriotisme est légendaire, a fait preuve de la plus belle tenue morale et d’une inébranlable foi française, malgré les épreuves de l’occupation. » Au premier étage de la mairie, dans la salle des maires, une Marianne dispose aujourd’hui encore des stigmates de la guerre. « Elle a été décapitée par les nazis, explique Damien Meslot. Ils l’avaient jeté depuis le balcon du bâtiment mais les patriotes ont recollé les morceaux après la libération. On peut toujours en voir la trace au niveau du cou de la statue. »

Reconstitution historique

La journée de commémoration a aussi été ponctuée par des reconstitutions historiques. Deux associations locales, Choc’Memory et Mémoire du Lion, se sont installées place de la République, avec leurs Jeeps Willys, Citroën et costumes d’époque. Sous la tente de ces vrais faux soldats, des répliques d’armes ou de caisses de rationnement permettaient de se plonger un peu plus dans cet événement historique. Un timbre spécial était vendu par le club des philatélistes et la une du journal Quand-même  du 26 novembre 1944 était distribuée.

Renaud Nury, sous-préfet du Territoire de Belfort, a rappelé pendant la cérémonie que « nous avons un devoir pour que nos enfants ne connaissent jamais pareille tragédie. Entretenir cette mémoire pour détruire le terreau du totalitarisme et du populisme, des extrémismes, du racisme et de l’antisémitisme. » Un discours applaudit par tous, et (ironie de l’histoire ?), par un député Belfortain fraîchement élu, dont le parti a été fondé par des anciens Waffen-SS, composante de la Wehrmacht, battue lors de cette libération en novembre 1944.

Benjamin Cornuez  Est Républicain – 24 11 2024