Devoirs faits : l’expérience de Vauban

 

Depuis dix ans, le collège des Hauts-de-Belfort propose des heures gratuites de soutien scolaire. Elles sont assurées par des assistants d’éducation qui interviennent aussi en cours de maths et français.

Soutien scolaire, aide aux devoirs, accompagnement éducatif, étude surveillée. Les appellations varient, mais l’objectif reste le même : permettre à l’élève de faire ses exercices et leçons à l’école plutôt que chez lui.

Le ministre de l’Éducation a mis un point d’honneur à inscrire dans les emplois du temps des collèges des heures de « devoirs faits ». Lundi, au retour des vacances de la Toussaint, la mesure a été officiellement lancée.

Le collège Vauban, sur les Hauts-de-Belfort, teste cette méthode depuis dix ans déjà. « Nous sommes en REP (Réseau d’éducation prioritaire) », rappelle Jean-Jacques Fito, le principal. « Les origines sociales pèsent sur la réussite des élèves. Dans certains milieux, il est compliqué d’assurer la continuité du travail scolaire, soit par les parents, soit en offrant des cours particuliers à l’enfant. »

Les devoirs reviennent donc officiellement à la mode. « Pendant longtemps, le travail des élèves se limitait au temps de cours », regrette le principal, qui milite pour les devoirs et l’« appris par cœur ». « Pour que les élèves s’approprient les connaissances, pour qu’ils puissent les mémoriser, il est indispensable de refaire des exercices après les cours, d’automatiser des tâches simples pour pouvoir ensuite assimiler des tâches complexes. »

Mais le principal est formel. « Le soutien scolaire n’est efficace que s’il s’articule avec le temps d’enseignement », c’est-à-dire s’il y a un lien entre les cours et l’aide aux devoirs. Au collège Vauban, ce trait d’union est assuré par les sept assistants d’éducation qui interviennent dans les classes de maths et français, de la 6e  à la 3e (lire ci-dessous).

« Avec la formule ‘“Devoirs faits”, si les élèves restent chaque soir une heure de plus, ils ne devraient plus rien avoir à faire à la maison, hormis la révision des leçons », assure Jean-Jacques Fito.

Charlotte aide régulièrement Barbara, 13 ans (à droite) et Eléa, 11 ans, dans leurs devoirs de maths, pendant les heures de soutien scolaire. Photos I.P.

Des heures pour les « devoirs non faits »

L’établissement a même mis en place un autre créneau, unique en son genre : « Devoirs non faits ». « Nous avons modifié le règlement intérieur. Lorsqu’un prof constate qu’un élève n’a pas fait l’exercice demandé, il le signale à la vie scolaire qui prévient les parents. L’enfant reste automatiquement le soir pour faire le travail. Il ne s’agit pas d’une punition (les heures de retenue existent par ailleurs), mais l’objectif est de faire comprendre à l’élève l’importance des devoirs, d’installer une routine de travail mais aussi de voir pour quelle raison le collégien n’a pas fait son exercice. »

Si certains élèves sont habitués à ces séances de rattrapage, d’autres ont compris qu’ils avaient besoin d’aide et se sont spontanément inscrits en « devoirs faits ».

Cette « dynamique collective » paie. « Depuis quatre ans, Vauban est au-dessus de la moyenne académique. Ce dispositif permet de mieux faire réussir les élèves. C’est un outil indispensable pour éviter l’échec scolaire. »

Isabelle PETITLAURENT – EST RÉPUBLICAIN